Une musique qui m’amène à me replonger, avec joie, dans les textes de Philippe Jaccottet :
» Dire comme je l’ai fait, à la légère, que ces arbres étaient nus, nous égare déjà vers des souvenirs ou des rêves
qui ne sont pas de saison; ces arbres sont beaux, mais d’une beauté d’arbre.
Ce que nous voyons d’eux, simplement, c’est le bois, encore sans feuilles; sentez-vous que ce seul mot déjà,
loin de nous égarer, nous aide à pénétrer dans l’intimité de ce moment ? Quand nous considérons ces troncs nus
et ces branches, ou plutôt qu’ils nous sautent ainsi aux yeux, tout à coup, avec la brusquerie et la fraîcheur
de ce qu’un coup de projecteur illumine et révèle, c’est du bois que nous voyons; et sans que nous le sachions clairement, je crois qu’au fond de nous est touchée notre relation intime avec la matière essentielle à notre vie et presque constamment présente en elle; et, sans que nous le sachions, encore une fois, ce sont plusieurs états du bois qui apparaissent en nous dans la mémoire, créant par leur diversité un espace et un temps profonds (…). «